Ma sélection de Janvier 2017

  • Scalp, Hugues Micol, Futuropolis

Hugues Micol, dont le dessin éclate toujours davantage quand il n’est pas circonscrit dans des cases nous livre une de ses oeuvre les plus abouties. L’épopée sanglante de John Glanton, mercenaire dont la folie meurtrière ne connu aucune limite, est une histoire (vraie) d’une noirceur insondable décuplée par les choix narratifs et artistiques de Micol. Cette lecture ne peut pas vous laissez insensible.

  • Le règne 1, Runberg & Boiscommun, Le Lombard

Voici une série dont le 1er tome démarre plutôt tranquillement. Un univers post apocalyptique zoomorphe, un déroulé sans surprise, mais malgré tout une accroche indéniable. Tout d’abord parce que les auteurs sèment beaucoup de pistes qui laissent présager du meilleur pour la suite. Ensuite parce que Boiscommun fait des merveilles du côté du dessin. Alors que l’on sentait un fort potentiel sur ses autres titres, il y avait toujours une sentiment de retenue dans la caractérisation des personnages. Une sensation ici effacée par le traitement animalier dans lequel il est complètement à son aise.

  • Yuko, Ryoichi Ikegami, Delcourt/Tonkam

Vous ne connaissez peut-être pas Ryoichi Ikegami, mais vous connaissez peut-être certaines de ses oeuvres, notamment Sanctuary ou Crying Freeman adapté en long métrage en 1995. Tonkam nous propose une sélection de ses adaptations de nouvelles complétée de quelques histoires courtes originales. On y retrouve à chaque fois ses thématiques de prédilection : les femmes et les clans. On notera quand même  un niveau de qualité supérieur pour ses créations originales. Espérons à la suite une réédition de ses autres séries.

  • Shi 1, Zidrou & Homs, Dargaud

Pour sa nouvelle série, Zidrou se tourne vers le thriller complotiste. Il nous propose un scénario ambitieux et très maîtrisé dans lequel une société secrète de femmes semble se venger,  à travers les âges, des tueurs d’enfants. Si cette fois-ci l’auteur s’attache plus à développer une intrigue qu’un propos, on y retrouve quand même des thématiques fortes et qui lui sont chères : le féminisme et la dénonciation des violences faites aux enfants. Pour servir cette histoire prenante, Homs livre un dessin et une mise en couleur puissants.

  • Groenland Vertigo, Tanquerelle, Casterman

Suite à l’adaptation des racontars de Jorn Riel avec son complice Gwen de Bonneval, Tanquerelle est invité en 2011 à participer à une expédition artistique et scientifique au Groenland. C’est de cette expérience qu’est issu l’album que voici. Pour la raconter, l’auteur choisi la fiction en rendant un hommage assumé à Hergé et aux aventures de Tintin. Et c’est avec le même plaisir que l’on lit cette histoire qui, grâce à son lot de rebondissements et sa dose de fantaisie,  donne à cette tranche de vie des airs de grande aventure.

  • Dragon Head 1 (NE), Minetaro Mochizuki, Pika Graphics

Pika réédite à point nommé la première série de Minetaro Mochizuki, auteur de Chiisakobe (prix de la série FIBD 2017). L’occasion pour ceux qui viennent de découvrir l’auteur d’appréhender une autre de ses facettes dans ce récit sombre et psychologique qui fût un succès critique lors de sa première parution il y a quelques années. Une édition grand format soignée prévue en 5 volumes pour cette série aux accents fantastiques mais dans lequel le questionnement social et l’intérêt humain sont déjà bien présent.

  • Sukeban Turbo, Runberg & Santos, Glénat comics

Première véritable création originale du label Glénat Comics et première réussite. Pour l’occasion Runberg s’associe à Victor dos Santos déjà auteur de Polar et Black Market. Tous les codes propres au genre sont là : rythme, découpage, dynamisme… Les auteurs nous proposent un excellent thriller urbain hardboiled qui nous raconte la genèse houleuse d’un gang de jeunes femmes à New-York. Une excellente mini – série que l’on aimerait voir se poursuivre en série régulière.

  • La malédiction de Gustave Babel, Gess, Delcourt

L’univers de La brigade chimérique qu’il a développé avec Serge Lehman plane sans conteste sur ce superbe roman graphique de Gess.  Une oeuvre ambitieuse et dense mais à l’écriture d’une fluidité exemplaire dans laquelle l’onirique se mêle subtilement au fantastique et au réel. Personne n’aurait songé à remettre en cause les talents d’artiste de Gess. Après La malédiction de Gustave Babel, il en ira de même pour ses talents de conteur.

  • Infinity 8 1&2, Trondheim/Vatine/Zep/Bertail, Rue de Sèvres

L’événement BD 2017 est lancé avec la parution des 2 premiers tomes de la série Infinity 8. Sur un concept de Lewis Trondheim et Olivier Vatine, une belle brochette d’auteurs tous plus talentueux les uns que les autres vont nous conter les mésaventures des passager de l’Infinity 8, sorte de paquebot interstellaire  dont la progression se retrouve stoppée par un mystérieux amas. Les autorités du vaisseau disposent de 8 boucles temporelles pour permettre au géant de l’espace de reprendre sa route. Une saga de SF décalée et inventive. On en attendait pas moins de Lewis Trondheim qui prouve à nouveau qu’il a encore à apporter au 9ème art.

  • Jolly Jumper ne répond plus, Bouzard, Lucky comics

Après le très bon et plutôt sérieux album de Mathieu Bonhomme »L’homme qui tua Lucky Luke », voici la relecture décalée et loufoque de Bouzard. Paradoxalement, le ton absurde propre à l’auteur forge un Lucky Luke beaucoup plus humain et réaliste qu’il ne l’a jamais été dans tous ses autres albums. On retrouve le cow-boy solitaire en proie aux doutes, pétri de sensibilité et plein de questionnements souvent absurdes mais qui lui donnent aussi une dimension inédite. Par ailleurs Bouzard rebondi avec justesse sur tous les codes de la série classique et les détourne habilement pour notre plus grand plaisir. Ne passez pas à côté de ce nouveau Lucky Luke

  • Une femme de Shôwa, Ikki Kajiwara & Kazuo Kamimura, Kana Sensei

Célébré de toutes part en ce mois de janvier, avec notamment une exposition à Angoulême et le prix du patrimoine pour le Club des divorcés, Kazuo Kamimura est de retour chez Kana avec Une femme de Shôwa. L’occasion de découvrir toute la virtuosité de l’auteur dans un one-shot qui nous raconte le combat enragé d’une enfant pour devenir une femme dans le Japon à genoux de l’immédiat après guerre. Une maturation qui se fera dans la vengeance, une autre des thématiques fortes de l’oeuvre de Kamimura. Idéal pour découvrir le maître.