S’il est un scénariste surprenant dans le paysage BD francophone, c’est bien Zidrou. L’auteur s’est fait d’abord connaître dans la plus pure tradition franco-belge : la BD tout public humoristique. C’est avec ce genre qu’il fait ses armes sur un certain nombre de récits courts pour le magazine Spirou à partir de 1991. Devenant peu à peu l’un des piliers du journal, il aurait pu continuer sur cette lancée bien établie, continuant d’animer essentiellement les aventures de Ducobu ou bien de Tamara.
Mais en 2010, il nous proposait Lydie, une chronique sociale d’une grande sensibilité et d’une grande justesse. Depuis ce succès, il n’a de cesse de s’aventurer plus avant sur ce terrain, proposant des récits beaucoup plus ambitieux, beaucoup plus matures et d’une grande maîtrise scénaristique.
Ses points forts, des personnages vrais, humains, auxquels on s’accroche au bout de quelques pages seulement quand on ne s’y identifie pas purement et simplement. La maîtrise de sujets souvent difficiles tels que le deuil, le handicap, la maladie ou bien encore la guerre, de façon réaliste, très juste et toujours très touchante. Enfin, des collaborations avec des dessinateurs étonnants et toujours à leur place sur les histoires qu’il propose.
Dans La Mondaine, il semblerai que c’est au polar qu’il s’intéresse cette fois-ci en revenant sur la fameuse brigade des mœurs au cœur des années 30. Mais à la lecture, on s’aperçoit bien vite, qu’à travers celle-ci, c’est une fois encore le côté social et humain de cette époque qui l’intéresse. Et ça tombe bien car il n’a pas son pareil pour créer des personnages, les faire interagir et leur donner une voix qui sonne vrai. Du coup on est plongé au cœur de l’époque, accroché au pas des personnages avec qui on vit l’action au premier plan. Une action qui se résume au quotidien de ses inspecteurs pour qui l’abus de situation est affaire courante
Ici, son excellent travail sur les personnages est amplifié par le dessin de Lafebre qui livre un dessin vraiment à la hauteur. Il use de nombreux gros plans sur les visages des protagonistes et excelle dans le rendu des regards. On croit même, parfois, y entrevoir leur âme.
Encore une fois, un sujet ambitieux qui semble annoncer la couleur, mais qui finit par être surprenant, voire déstabilisant, grâce à une approche aussi brute et directe que fine et touchante, d’une période tourmentée.
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